Le cœur des sciences de l’UQAM a organisé l’événement Intelligence artificielle - Où sont les femmes ? animé par Sophie Malavoy, directrice du Cœur des sciences, et rendu possible
grâce au soutien du Service de coopération et d'action culturelle du Consulat général de France à Québec.
Coeur des sciences de l'UQAM
Lors de cette rencontre, on y a rappelé que selon les chiffres de 2018, environ 12% de la recherche en intelligence artificielle est effectuée par des femmes et 22% des professionnel(le)s de l’IA sont des femmes.
Éviter les biais de représentativité
Pour Nozha Boujemaa, membre du réseau d’experts en IA de l’OCDE (ONE AI), Vice-Chaire du AI HLEG de la commission européenne, « l'artificielle sied aux femmes ». Il faudrait éviter le manque d’inclusivité et les biais de représentativité (biais dans les données et les algorithmes), qui pourrait se produire si le point de vue des femmes n’est pas présenté.
C'est crucial de s'attaquer à ces problèmes pour ne pas renforcer la discrimination. Il existe plusieurs types de biais. Les biais cognitifs qui favorisent les stéréotypes prenant source d'une distorsion de pensée des humains. Les biais statistiques naissant carrément des données elles-mêmes en étant erronées, non-représentatives ou datées. Et les biais économiques qui sont créés dans le but de minimiser un coût.
Pour encourager la participation, il faudrait susciter des vocations et ne pas faire d’injonctions de présence pour les femmes avec le mentorat et la création de réseaux au féminin.
Syndrome de l'imposteur
Rim Assouel, étudiante au doctorat en informatique à l’Université de Montréal sous la
direction de Yoshua Bengio, nous a rappelé qu’auparavant, c’était plutôt les femmes qui étaient présentes en informatique. Encore aujourd’hui, dans des pays non-occidentaux, les femmes y sont plus représentées que les hommes.
Pour encourager la présence des femmes, on peut célébrer leurs accomplissements dans le domaine informatique. Il faut aussi parler du syndrome de l’imposteur pour le dépasser.
Système patriarcal
Pour Camille Morvan, postdoctorante à l’Université Harvard et cofondatrice et PDG de Goshaba, ce qui est genré, c’est l’argent, le pouvoir et le prestige. Ce n’est pas le milieu de l’informatique qui constitue le problème. C’est plutôt le système patriarcal de domination.
Il faut aussi rappeler que les femmes qui ne sont pas en informatique, sont peut-être en train de faire d’autre chose de plus important (par exemple, s’intéresser aux changements climatiques, etc.) Ainsi, ce ne serait pas un drame en soi.
Les femmes sont plus discrètes
Pendant la discussion, il a été souligné que les femmes sont peut-être moins formatées pour rechercher les honneurs, suivre les flux d’argent et être dans la lumière.
Marie-Jean Meurs, professeure d'informatique à l’UQAM spécialisée en IA et directrice scientifique de Calcul Québec, a exposé que pour différentes raisons, les femmes publient moins. Elles sont plus discrètes.
Exposer les inégalités
D'autre part, quand on fait partie d’une minorité, on peut être poussé(e) à se justifier, à se définir, à aller vers des causes plus sociales. Avec l’intelligence artificielle, on peut exposer à certaines inégalités plus facilement.
Pour conclure, il serait pertinent de réguler les algorithmes et de bien définir quels sont nos objectifs comme société. La lecture de l’essai Weapons of Math Destruction par Cathy O'Neil a été suggérée.
Qu'en avez-vous pensé ?
Stéphanie Tessier
Comments